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 – Behind the veil | Daphné

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AuteurMessage
Daphné Greengrass

• Misleading confidence • still doubting, still hesitating
Daphné Greengrass


» MESSAGES : 253
» DATE D'INSCRIPTION : 31/05/2010



HOMNIUM REVELIO
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– Behind the veil | Daphné Vide

MessageSujet: – Behind the veil | Daphné   – Behind the veil | Daphné Icon_minitimeMer 2 Juin - 5:17

« La neige tombe. C'est Dieu qui pleure l'histoire du monde. »

– Behind the veil | Daphné 26983566
Replonger dans les méandres des souvenirs,
La quiétude rassurante des années passées
Jusqu'à en oublier le sombre avenir
Réservé aux pantins brisés.



© Naphtaline
L O A D I N G : 100%


. . . « Ce n’est pas chose facile, que de naître à l'aube d’une guerre. Génération maudite dont les années de vie ne représentent, malgré elle, rien de plus que le sacrifice nécessaire au retour de la paix. Afin que l’un des camps remporte la victoire et puisse se réjouisse de l’avenir qui se profile, alors que ses idéaux deviennent ceux de tout un peuple.

J'aurais voulu n'avoir jamais trouvé le temps de me préoccuper de la guerre. Qu'importe que coule le sang, si celui des miens n'est pas mis en jeu? Bien et Mal sonnent comme des notions creuses face aux tracas du quotidien, lorsqu'on est encore jeune et insouciant... Mais la Guerre est un jeu dont les règles sont floues, et il n'épargne rien ni personne. Plus je repense au passé, plus j'en deviens amère. Les souvenirs sont traîtres, et plus je m'y raccroche, plus ils me perdent. Qui suis-je, en fin de compte? Le doute. Quant au reste... je n'en sais rien.
»

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Daphné Greengrass

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MessageSujet: Re: – Behind the veil | Daphné   – Behind the veil | Daphné Icon_minitimeMer 2 Juin - 6:12


Presentation of « Daphné E. Greengrass »


feat Teresa Palmer

– Behind the veil | Daphné 353cluc
© Satin Diary


    Greengrass. Daphné Elladora Greengrass. Qu’est-ce qu’un nom? Une fierté pour certains; un lourd fardeau pour d’autres… un peu des deux pour Daphné. Certes, elle a longtemps été fière de son sang « bleu »; mais ces quelques lettres se sont révélées être une condamnation, l’obligation d’opter pour un camp plutôt que pour un autre, et pas forcément le bon. Au fond, elle préfère Queenie, parce que « Queenie » a la sonorité des années passées, des tartes à la mélasse, et des rires d’Astoria. « Queenie » résonne comme ses caprices d’enfants, et c’est bien moins lourd à porter que le « Daphné » lourd d’obligations. Aujourd’hui elle a 18 ans et, à son goût, c’est déjà une année de trop. C’est dans la demeure familiale qu’elle est née, un certain 8 aout 1980, au fin fond du Surrey, et elle y vit encore. Sa famille est l’une de ces anciennes lignées typiquement anglaises particulièrement attachées à des traditions et préceptes poussiéreux, et c’est en dépit des réticences de sa mère que l’ex élève de Serpentard qu’elle est a entamé une formation au Ministère après avoir quitté Poudlard. Daphné compte devenir Langue de Plomb… ou, en d’autres termes, espionne pour le compte de Bellatrix Black.


Inside of you

— LA COMPOSITION DE VOTRE BAGUETTE : bois d'Orme, crin de licorne, 24 cm.
— VOTRE CAMP : dénoncés en tant qu'ex-mangemort suite à la disparition du Seigneur des Ténèbres, Adérius Greengrass a été condamné à la prison à perpétuité. De sa cellule à Azkaban, il a cependant entendu parler de la montée en puissance de Bellatrix Lestrange et s'est officieusement rangé de son côté, espérant être ainsi libéré le plus tôt possible. C'est donc tout naturellement que son épouse à choisi de suivre sa décision, persuadée que Black est à présent l'unique chance de liberté de son époux... Daphné se contente quant à elle de les suivre avec dévotion, bien que sans grand enthousiasme. Mais tout cela n'est pas connu du grand public, et pour la majorité de la communauté sorcières, ils semblent pencher pour le camps du bien, probablement dans le but plus ou moins louable de racheter leurs erreurs passées.
— VOTRE ANIMAL DE COMPAGNIE : Un bleu-russe (chat) nommé Themius, depuis déjà âgé huit ans.
— VOTRE EPOUVANTARD : les marques qui lui strient le flanc gauche, s'étirant non plus à cet endroit précis mais sur la totalité de son corps. Des traces de morsure, profondes, lui déchirant l'épiderme et enfin, son propre corps la trahissant une fois pour toute. Une douloureuse transformation, des griffes immenses, des crocs acérés. Elle. Un loup-garou.
— VOTRE PATRONUS : les plus dangereux ne sont pas les plus imposants. Quitte à être défendue par un animal, autant qu'il s'agisse d'un vipéridé à son image, à l’instar du mocassin à tête cuivrée : rapide, capable de se dissimuler facilement, mais surtout teigneux.
— VOTRE SORT PREFERE : Hominum Revelio. Méfiance et prudence sont souvent d'excellents atouts.
— VOTRE MATIÈRE PREFEREE :
— VOTRE BALAIS :
— VOTRE PLUS GRAND RÊVE :
Physical and psychological description

C’est certain, le caractère de Daphné lui vient de son père. Du moins, de ce qu'à un jour été Adérius Greengrass. Ça, tout le monde le sait. Un caractère bien trempé, quoique plutôt contradictoire….

D’un point de vue extérieur, la jeune fille n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Elle n’aime pas qu’on lui donne des ordres, et est capable d’aller jusqu’au bout de ses idées, quitte à foncer droit dans le mur. Si on lui demande son avis, elle ne cherche pas à ménager, aimant dire ce qu’elle pense, avec plus ou moins de tact, selon la personne concernée. Mais elle ne va pas non plus, pour autant, critiquer les autres en face pour rien. Si quelqu’un à un problème, qu’il se débrouille. Par habitude, Daphné ne se préoccupe que de ceux qu’elle juge « intéressants ». Elle n'aime pas particulièrement le rôle de "confidente" puisque, à la limite de l’égocentrisme, elle rapporte souvent les choses à elle. S'il lui faut, par exemple, offrir quelque chose à quelqu’un -dans les cas extrêmes tels que les anniversaires-, nul doute qu’elle reviendra avec deux paquets en main –dont un pour elle-même, évidemment… voir les deux, si elle a oublié le but principal de ses achats... Elle sait pourtant être attentive, se montrer compréhensive et abordable quand il le faut, et évidemment, lorsque l'un de ses proches (parents ou amis) se mêlent à l'équation. Elle accorde de l’importance au regard des autres et aime à être complimentée, certes, mais ne changera pas pour autant sa façon d’être sans raison valable. On la juge parfois trop brutale dans ses propos, mais sa franchise, en contre partie, n’est pas à toute épreuve. Si quelque chose peut lui attirer des ennuis inutiles, aucun doute là-dessus, elle le gardera pour elle. Au final, bien que plutôt sûre d‘elle, elle sait tout de même se faire discrète quand il le faut, et est suffisamment maligne pour savoir qu’il vaut mieux se ranger aux idéologies des plus forts. Elle a été influencée très tôt par les préjugés de son père concernant la hiérarchie des sangs et fréquente donc un minimum de « sangs-de-bourbe », bien que l'avis tolérant de sa mère sur la question ait fortement canalisé ce point de vue.

Souvent lunatique, Daphné se montre cependant très attentive lorsqu’il s’agit de quelque chose d’important. Son apparence désinvolte lui permet de ne pas attirer l’attention sur elle lorsqu’un sujet ne la concerne pas, mais elle est capable de retenir les moindres détails importants grâce à sa mémoire sélective. Apparemment charmante, elle aime jouer sur les sentiments d’autrui pour parvenir à ses fins. Si certains cachent ce qu'ils ressentent sous un masque froid et hautain, elle se sert, quant à elle, de l’apparence de personne ouverte et bonne vivante qu’elle s’est créé. Il serait difficile de la qualifier d'élève brillante ou même studieuse... ce que sait Daphné, elle l'a appris au gré de ses recherches personnelles, ou par hasard, et non pas grâce à des révisions assidues. Elle n’aime pas spécialement le sport, et encore moins le vol (sur balai), mais est en revanche une grande passionnée de musique, ainsi que de lecture, ce qui explique ses facilités dans quelques matières. Elle trouve souvent ses camarades inintéressants et ne prête donc réellement attention et ne s'entoure que de ceux dont la compagnie peut lui bénéficier, ou dont le caractère lui semble ambiguë ou particulier. Daphné aime essayer de comprendre ce type de personne et trouve intéressant de déchiffrer les émotions des autres à leur comportement... Elle a donc tendance à juger selon l’apparence, bien que parfaitement capable de passer outre les "on dit" et autres opinions pré-faites. Mais le 'paraître' n'a-t-il pas, réellement, une importance en soi? Il est vrai que les gens 'biens' prônent l'importance du 'moi' et de la beauté intérieure mais.. ce n'est pas ce que l'on voit au premier abord. Le physique est donc un critère important, et non négligeable. Du moins, c'est ainsi que Daphné voit les choses. Joyeuse fêtarde lorsque l'occasion s'y prête, elle est particulièrement prudente, méfiante même, et agit rarement sans raison ou sur un coup de tête. C’est quelqu’un de réfléchi, qui s'efforce toujours aux inconvénients ou avantages que peuvent entraîner telle ou telle situation avant de passer à l’action... Bien que certaines situations lui révèlent un côté affreusement impulsif. A vrai dire, Quoique très préoccupée par tout ce qui est "apparences", jamais Daphné ne ferait passer la coquetterie avant ses études, qui sont, selon elle, d’une importance capitale.

D'un point de vue extérieur. Mais il est des choses que l'on ne sait pas, et qu'il est préférable d'ignorer. Cette « impulsivité » vaguement mentionnée n'est pas le fruit du hasard, tout comme les « situation » au cours desquelles elle fait surface n'ont rien d'annodin. Des nuits de pleine lune, l'appel un peu trop entêtant du sang ou de la chair, tendre et savoureuse... griffée par un loup-garou à ses huit ans, Daphné à en partie hérité de l'instinct bestial de ces créatures méprisables. Une part d'elle qu'elle ne se résoud pas à accepter.

Des traits fins, un peu trop sans doute, lui donnant tantôt une apparence de poupée de porcelaine, fragile; tantôt dure et inquiétante. Une silhouette fine, gracieuse et élancée… Daphné est à l'image des membres de sa famille. Au cœur de l’ovale de son visage, deux écrins de longs cils sombres, enfermant des yeux d’un vert-gris aussi étonnant qu’attrayant –et beaucoup trop expressif de l’avis de la jeune fille. Sa chevelure trop blonde ondule délicatement jusqu'à ses épaules, soulignant la couleur craie de sa peau et la grâce de ses courbes. Elle a un port aristocrate, quelque peu hautain, bien que ses sourires soient souvent plus ou moins avenants. Évidemment elle n'est pas parfaite. Qui l'est après tout? Personne, sans aucun doute. Mais n'attendez pas sur elle pour le découvrir. Quel intérêt de dévoiler ses défauts? Cherchez, fouillez pas vous-même, vous lui en trouverez sûrement en belle quantité. Elle apprécie les mélanges de couleurs et de styles et accorde une grande importance à son apparence. Mais elle sait aussi faire simple. Noire élégance ; noir mystère ; noir ténèbres. Ou gris. Demi-mesure psychologique, nuance monotone mêlant la teinte symbole de mort, au glorieux blanc couleur d’espoir. Cependant, jamais Daphné ne « s'abaisserait » à porter ces choses étranges et dégradantes que les moldus appellent jeans. Elle aime être vue et privilégie donc les contrastes et les accessoires. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle trouve austères les uniformes de Poudlard, surmontés de longues robes de sorciers noires et sans formes, qu’elle se voit obligée de porter tout au long de la semaine.

Elle a quelques tiques répétitifs, ayant tendance à l’agacer prodigieusement. L'un des signes indéniables de son stress, de sa nervosité ou de son impatience, par exemple, est qu’elle se mordille sans arrêt la lèvre inférieure dans ces cas-là. Elle se ronge également l’ongle du pouce de la main droite jusqu’au sang (celui-là seulement !), sans raison apparente. Enfin, on ne lui dénote aucun signe particulier... si ce ne sont les trois estafilades qui lui longent le flanc gauche, débordant à peine au niveau de sa hanche.
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Daphné Greengrass

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MessageSujet: Re: – Behind the veil | Daphné   – Behind the veil | Daphné Icon_minitimeMer 2 Juin - 6:18

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Spoiler:

« Chapter 01 »
05 août 1980, au fin fond du Surrey
Il n’était pas plus de 3h du matin. A cette heure tardive, l’Angleterre était encore entièrement plongée dans les affres d’un repos réparateur. Une nuit sans lune la recouvrait de son manteau sombre, étouffant le moindre rayon de lumière, et le silence s’était fait maître du pays, pour quelques heures de plus. Pourtant, pourtant… Tous ne bénéficiaient pas de ce calme aussi apaisant qu’inquiétant. Car, enfoncée dans les coussins moelleux d’un immense lit à baldaquin, la stoïque Elizabeth Greengrass étouffait à grand peine ses cris. Les eût elle laissés passés que l’on aurait cru, à juste titre, assister à de longues heures d’agonies. La douleur semblait vouloir la déchirer de toutes parts, l’écarteler jusqu’à ce qu’elle demande grâce. Mais le tumulte de voix inconnues qui flottaient au-dessus de son visage rougi la retenait entre l’éveil, et les limbes de l’inconscience.
Et lorsque, les lèvres blessées d’avoir trop longtemps subit ses mordillements vengeurs, les joues moites de n’avoir pas pu laisser échapper ses larmes, elle leva ses yeux troublés sur la forme que lui présentait solennellement le médicomage, elle laissa échapper un seul et unique sanglot étranglé. Rageur. Ce ravissant bout de chou, comme l’appelaient déjà les infirmières à son chevet, avait la chevelure blonde de son père, le teint pâlot, et semblait affreusement fragile. Mais il était si laid, le visage tordu par le mécontentement, ses deux poings si minuscules battant l’air à intervalles irréguliers ! Elle entrevit en deux secondes les futures années d’innombrables caprices, et se laissa lourdement retomber sur ses oreillers en se jurant de s’épargner ce genre d'instants à la venir. De son côté, Aderius se rengorgeait en l’admirant, recevant avec une fierté non dissimulée les félicitations de ses connaissances. L’enfant était une fille, certes... et avoir un héritier aurait été préférable. Mais il saurait s'en satisfaire.

A son réveil plusieurs heures plus tard, Elizabeth s’émerveillerait finalement face au teint laiteux de ce petit être, à ses traits harmonieux et à l’avenir grandiose qui s’ouvrait déjà à ses yeux. Elle se mettrait immédiatement à faire pour cette poupée de cire des projets en quantité. Les yeux humides braqués sur elle, elle laisserait avec plaisir les six lettres qui composeraient son prénom lui rouler sur la langue, encore et encore. Daphné.

Août 91; Surrey.
INTROSPECTION : journal de Daphné.
« Un morceau de parchemin rapé, sur lequel s'étend une écriture soignée, introduite par un grandiloquant "Chère Mrs Greengrass". Une lettre d'admission. Il y est question de "plaisir", et "d'inscription au Collège Poudlard". S'en suit une liste d'ouvrages et d'équipements "nécessaires au bon déroulement de ma scolarité". Et la missive se termine par les "sentiments distingués" de l'actuel Directeur du Collège.

Poudlard. J'ai du mal à croire que j'y entrerai dans moins d'un mois. Que je quitterai cet endroit, ma famille, mes repères, pour me terrer dans un château perdu quelque part en Ecosse... Poudlard, l'école de sorcellerie la plus connue de la Grande Bretagne! Je ne suis pas sûre de devoir sauter d'impatience d'une pièce à l'autre, m'impatienter, déprimer, ou... Je ne sais pas si je suis ravie, ou furieuse à l'idée de devoir m'y rendre. Merlin! C'est dire adieu à toute une part de mon existence, accepter de fréquenter jour après jour une ribambelle d'élèves de mon âge, bruyants, curieux et probablement insupportables. Ça semble terriblement excitant et, prometteur en même temps... tout simplement affreux. Mère m'emmène acheter le contenu de la liste jointe à la lettre, sur le Chemin de Traverse... Elle a l'air si heureuse que je me sens forcée de sourire. »

_________________________
Un mois plus tard ; Garre King Cross
« Pardon ! Pardon ! Excusez-moi… Mais voulez-vous bien.. ! Merci. Excusez-moi… Laissez passer ! »

Des voix s’élevaient, se superposaient, s’entremêlaient. Assortiment hétéroclite, elles se succédaient sans distinction, graves, fluettes, parfois savant mélanges d’autres tonalités, provoquant un tumulte sans bornes. Par ici dépassait le bout pointu d’une coiffe excentrique et colorée ; par là, la forme arrondie d’un chapeau melon. A l’autre bout, le visage méprisant d’un aristocrate exagérément classieux ; puis derrière lui, créant un contraste saisissant, une ménagère rondouillette saluant avec une émotion à peine maîtrisée ses bambins surexcités.
Et cette scène, vue de l’intérieure, était encore plus étrange et déstabilisante. C’était se faire bousculer par ces corps pressés, inconnus ; se laisser porter malgré soit par l’agitation générale. C’était céder à la panique l’espace d’un instant à l’idée d’une valise perdue, pour se laisser submerger par un soulagement sans nom en la retrouvant sagement rapetissée à l’intérieur d’une poche ample. C’était l’annonce enfiévrée d’un départ imminent, entre au revoir larmoyants et trépignements d’impatience.
Et d’un coup, alors qu’un nuage de vapeur enveloppait le quai noyé de monde, un sifflement strident retentit, couvrant sans peine le brouhaha ambiant. Le Poudlard-Express venait d’entrer en gare.

Daphné Greengrass serra convulsivement le manche de sa valise au creux de sa paume, osant à peine lever les yeux sur les visages fiers de ses parents. Elle avait redouté ce moment autant qu'elle l'avait attendu... l'heure des adieux. Bien sûr, il ne devrait pas y avoir de larmes, ni d'effusion d'affection inutile. Son père la couverait simplement de son regard protecteur, sa mère poserait ses lèvres délicates au sommet de son front, et ils se contenteraient tous deux de lui répéter leur dernières recommandations. Rester digne... digne. Comment demander à une gamine de onze ans de rester digne, alors qu'elle quittait le foyer familiale pour la toute première fois ? Et pourquoi devait-elle y aller, d'abord, à Poudlard ? Loin de tous ceux qu'elle aimait. Sa soeur avait refusé de les accompagner, et même de lui dire aurevoir... elle était furieuse, Astoria. Furieuse de la voir l'abandonner. Un reniflement discret échappa à Daphné alors qu'elle refoulait ses larmes, et ce fut avec un sourire joyeux, quelque peu forcé, qu'elle s'éloigna finalement des jupes rassurantes de sa mère. Parce qu'il était temps de grandir.



« Chapter 02 »
Été 94; Surrey.
- « Ne faites aucun bruit. Je reviens dans un instant. »

La longue robe de ma mère claque tandis qu'elle se retourne brusquement, quittant la pièce à pas rapides et légers. La porte se ferme silencieusement derrière elle, nous laissant seules face à nos questions, ma soeur et moi. Astoria me lance un regard mi-surpris mi-effrayé, mais je ne trouve pas le courage de la rassurer. Pour lui dire quoi, d'ailleurs ? Que tout se passe bien en bas ? Qu'elle n'a pas à s'inquiéter ? Comment l'affirmer alors que je n'ai moi-même aucune idée de ce qu'il se passe ? Incapable de rester sur place, je glisse à genoux jusqu'à elle et lui tend un bras, contre lequel elle se blottit.

- « Tu trembles! », je murmure contre son oreille glacée.

Elle nie, et je peux presque deviner les plaques rouges qui s'étalent sur ses joues pâles tandis qu'elle secoue la tête de droite à gauche en signe de négation, sous mes ricanements moqueurs. Quelques secondes s'écoulent avant que je ne reprenne la parole.

- « Et si j'allais voir ? »

Je déteste rester ainsi. Ma mère a refusé d'allumer la moindre bougie, laissant le soin à quelques rares rayons de lune d'éclairer au minimum l'intérieur de la pièce. Je veux savoir ce qu'ils craignent tant, père et elle. Martyrisant ma lippe de mes incisives, je me défais de l'étreinte d'Asto sans me soucier de ses réticences, l'entendant à peine me rappeler les mises en garde de mère. Je ne compte pas me faire remarquer, de toute façon... seulement jeter un coup d'oeil du haut des escaliers. Quel mal y a-t-il à ça ?
Mes mais agrippent la poignée de la porte, qu'elles enclenchent lentement, et un filet de lumière se dessine alors que je l'entrouvre. On entend des voix, d'ici, oscillant entre colère et impatience. Je me tourne, un doigt posé sur les lèvres, intimant à ma soeur de garder le silence derrière moi, et referme le panneau de bois en me glissant dans le couloir. Il y a mes parents... et deux hommes, je crois. Dont l'un se déplace nerveusement le long d'un pan de mur du salon, une capuche sombre lui masquant les traits. L'autre parle, mais je ne distingue que quelques-uns de ses mots. Il semble... à bout de nerfs, c'est le terme. Un sourire empreint de fierté m'échappe alors que Père réplique d'un ton mesuré, assuré, loin de se laisser intimider par son interlocuteur, et je m'assied prudemment sur la marche la plus haute pour éviter d'être repérée.

Mère est nerveuse... clairement mal à l'aise à côté du type étrange, dont les talonnettes claquent désagréablement sur le parquet ciré. Mais je n'ai pas le temps de me questionner à ce sujet : à peine m'en suis-je rendue compte qu'il rabat sa capuche en arrière et plonge en direction de mon père, m'arrachant un sursaut. Celui-ci ne bouge pas d'un poil, alors que l'acolyte recule d'un pas.

- « Le maître ne t’attendra pas indéfiniment, Greengrass... tu as reçu l’appel, non? Combien de temps espères-tu L’ignorer? »

Je sens d'ici les relents pestilentiels qu'exhale ce personnage atypique, mais je ne parviens pas à m'y attarder. Ce sont ses mots, plus qu'autre chose, qui retiennent toute mon attention. Le Maître ?

- « Nous sommes justement ici pour te remettre sur le droit chemin, complète celui qui se tient prudemment à l'écart. Il joue du bout des doigts avec des bibelots posés au-dessus de la cheminée, au creux de laquelle se consument quelques braises, témoins de la soirée qui vient de s'achever. Toutefois... tu connais Sa 'grande générosité', n'est-ce pas ? Il accepte de te laisser une seconde chance. »
- « Mais au prochain appel… je te préviens, t'auras intérêt à accourir, au risque de payer cher les conséquences de ton affront. »

J'expire, soulagée, me rendant seulement compte que j'avais retenu mon souffle jusque là.

- « Pour quel espèce de chien me prends-tu? Ma famille a déjà essuyé le mépris de la communauté sorcière après la Première Guerre, ne compte pas sur moi pour refaire les mêmes erreurs alors qu’Il n’est même plus en possession de ses pouv-… »

À peine mon père a-t-il prononcé ces nom que celui qui lui avait administré la menace, jusque là posté face à lui, se jette sur sa silhouette immobile, qu'il fait basculer. Son capuchon se rabat sous la puissance de son geste, révélant un visage sillonné de balafres proprement hideuses. Ses yeux brillent d'une lueur doré meurtrière alors qu'il le fixe, extatique, et un grognement s'échappe de ses lèvres retroussées. Un cri retentit à mes oreilles – il me faut quelques secondes pour me rendre compte qu'il vient de moi. Sous le choc, je me laisse retomber en arrière et recule précipitamment, consciente de m'être trahie... mais il est déjà trop tard. Les protagonistes s'affolent, à quelques pas au-dessus de moi, et j'entends un corps lourd fouler le sol à toute vitesse. En quelques secondes, une main s'accroche cruellement à mon bras gauche, me tirant de la marche sur laquelle je m'étais réfugiée pour me redresser et m'exhiber, tel un trophée, aux regards catastrophés de mes parents.

- « Ne t’avise pas de la toucher! »
- « Et qu’est-ce qui m’en empêche? Crois-tu pouvoir dire ce qui te chante au sujet du Maître sans devoir l’assumer ensuite? Tu n’es pas en situation de négocier quoique ce soit, Greengrass. »

Sa bouche épaisse laisse échapper un rire dément tandis que le son rocailleux de sa voix résonne cruellement à mes oreilles. Il tourne la tête d'un air méprisant sans me lâcher pour cracher au sol, à mes pieds. Tétanisée, je ne songe même pas à essayer d'éviter le glaviot noirâtre qui échoue sur mes chaussures. Il a une allure inhumaine, bestiale, bien que son corps paraisse être celui d'un homme.

- « Depuis le temps..., souffle-t-il en s'approchant de mon cou, Depuis le temps que ton odeur me titille les narines. Tu sens... l'innocence. La naïveté. Tu te croyais discrète ? Je t'ai repérée au moment même ou tu as eu le malheur de quitter ta chambre. »
- « Lâchez-moi! »

Mes muscles se réveillent enfin alors qu'une alarme retentit en moi. Je dois m'éloigner de ce type! À cet instant, je regrette amèrement de ne pas m'être au moins munie de ma baguette.

- « Je ne bougerais pas, si j'étais toi! À supposer que tu parviennes à m'échapper, je me ferais un plaisir de goûter à ta petite soeur. Tu sais ? Celle qui attend bien sagement dans la pièce à côté. »

Le souffle court, je m'immobilise à nouveau, sans savoir quoi faire. Les hurlements de mes parents me parviennent à peine. Amalgame de sons qui se superposent, s'emmêlent, me laissant indécise et pantelante. Serais-je seulement capable de me défaire de sa prise ? Ou même... d'essayer, alors qu'Astoria en pâtirait certainement ?

- « Jones! »

La voix de l'autre retentit sèchement, interrompant mon bourreau dont les phalanges sont irrémédiablement attirées par mon cou trop mince. Elles prennent de temps de s'y refermer, et je m'accroche à cette paume large, un réflexe stupide me poussant à tenter de la déloger. Mais elles ne font que serrer un peu plus, bloquant l'arrivée d'oxygène.

- « Qu'est-ce que tu fous ? C'est un avertissement, pas une expédition punitive. La gamine à intérêt à être saine et sauve sinon... »
- « Ça va t'inquiète. Je maîtrise la situation. Et je peux t'assurer qu'ils retiendront la leçon. »

Je gémis en le sentant resserrer sa prise encore un peu, horrifiée par son haleine pestilentielle glissant sur mon visage.

- « T'as de la chance, gamine... »

Mon corps échoue sur le plancher, et je porte immédiatement mes mains à mon cou, les lèvres grandes ouvertes sur une série d'inspirations paniqués. Je respire, je respire! Jamais air ne m'a paru plus délicieux que celui-ci. Mais je n'ai pas le temps d'en profiter plus longtemps. Une douleur lancinante à mon flanc gauche m'oblige à baisser les yeux, et tout à coup, plus rien n'a réellement d'importance. Le décor se brouille, noyé par mes larmes, englouti par un brouillard envahissant. Tout en rouge... rouge, rouge, rouge carmin, brillant, sur ma rétine, sous mes doigts impuissants, sur ma robe, les escaliers. Rouge. Je me cambre, m'agite, convulse, à moitié inconsciente, mais trop accrochée à la réalité pour ne pas sentir la brûlure d'un courant d'air glacé frôlant mon flanc ouvert. La porte d'entrée claque, manquant presque de sortir de ses gonds, alors que les deux intrus s'échappent sans un regard en arrière. Juste à l'instant ou je perds connaissance.

_________________________
Été 1995; Surrey.
Les bulles pétillaient, explosaient au creux des flûtes de verre, laissant éclore derrière elles quelques centaines d'éclats de rires... hum. Distingués. Tenues éblouissantes, tissus délicats, étalage de richesses. Et derrière le rideau de soie de ces soirées d'aristocrates, loin des rapports de presse et des regards scrutateurs de la vielle noblesse, l'abus de champagne ou de whisky, une pointe d'arrogance pour une entière soirée de débauche.

Masquée par les hauts piliers du manoir qui abritait les festivités, Daphné Greengrass trempa un doigt à peine hésitant dans le nouveau verre que lui présentait son vis-à-vis. La saveur fruitée de la boisson lui chatouillait agréablement le nez, contrastant nettement avec les relents de transpiration qui s'élevaient autour d'elle. C'était subtile, à peine détectable et, pourtant, le moindre des mouvements de la foule qui s'entassait à l'intérieur rendait un peu plus suffoquant l'air saturé qu'elle inspirait. L'alcool fort lui brûla les lèvres et la gorge, laissant après lui une traînée de feu qui la fit suffoquer. Le visage rejeté en arrière, elle ferma les yeux sur le sourire éméché du jeune homme qui lui faisait face. La tête ne lui tournait pas tant à cause de la boisson qu'à cause des odeurs qui se mêlaient les unes aux autres, l'agressaient, trouvant en elle un écho qui la mettait au supplice. Une malédiction comme une autre, songea la jeune femme en fixant le semblant d'étoile dont se parsemait la toile sombre du ciel. Rester à l'intérieur lui était impossible... les lieux clos, un cauchemar.

C'était ainsi depuis ses huit ans. Elle ne comptait pas les répercussions qu'avait eu cette année là sur le reste de sa vie, réduisant à néant tout ce qu'elle avait été auparavant pour redéfinir son identité. Son odorat s'était développé, un peu trop d'ailleurs, jusqu'à ce que la moindre effluve lui parvienne avec une effrayante acuité. C'était amusant... au départ. De sentir approcher quiconque, de reconnaître ceux qui l'entouraient avant même d'avoir l'occasion de les voir. Comme si cet unique sens annihilait les autres.

Elle se redressa, chancelante, dans l'unique but de s'éloigner encore de ces corps trop nombreux, au moment même ou quelqu'un lui attrapait le poignet.

- « T'avais l'air prête à t'effondrer. »

La voix s'éleva, quelque peu moqueuse, l'enveloppant de son timbre grave et soyeux, de son haleine lourde, capiteuse.

- « Hm... »

Réponse intelligible... sans doute. Son cerveau était à peine capable de produire plus qu'une simple onomatopée, et elle se mordit intérieurement pour cette absence de lucidité, qui la laissait à la merci de son « sauveur ». Ébouriffant d'un geste ses mèches pâles, elle entrouvrit enfin les paupières, luttant pour ne pas les refermer sur le coup, et détailla à grand peine son interlocuteur.

- « Il y a une femme à l'intérieur qui te réclame. Ta mère, je crois. Elle te décrit comme une très bonne danseuse et voudrait que tu nous montres tes... talents. »

Elle pu deviner sans peine la fossette dont se creusa sa joue tandis qu'il parlait. Talents, elle ? En danse ? Incapable de tenir sur ses deux pieds dans l'état actuel des choses, elle doutait avoir quoique ce soit à montrer d'agréable... déjà qu'en temps normal elle parvenait difficilement à ne pas piétiner les pieds de ses malheureux partenaires! C'était proprement stupide, pour une héritière de grande famille. Mais les dernières années, passées à se redécouvrir, ne lui avaient guère laissé énormément de temps pour se consacrer à la danse.

« Je ne saurais pas.. »
« .. Tenir sur tes pieds ? Je vois ça! Mais on peut toujours remédier à ce léger... problème d'équilibre. »

Il l'attrapa par la taille, la soulevant à moitié pour la reconduire, sans état d'âme, vers son enfer personnel. Un « non! » presque inaudible lui échappa alors que la lumière l'éblouissait. Mais déjà, elle hoquetait, suffoquait sous le poids des senteurs qui l'écrasaient. Elle ne perçut qu'à moitié le rythme que lui imposa sans attendre son homologue. Était-ce vraiment nécessaire ? Il y avait les bruissement des tissus qui se frôlaient doucement, ses doigts qui frôlaient la peau sensible de Daphné, la sensation d'une mèche de cheveux lui effleurant l'épaule, de la bouche de son cavalier qui s'aposait en une pression peu appuyée sur sa tempe moite. Il évoluait avec assez de l'assurance pour deux, la laissant libre de se perdre dans ses propres pensées. Et dans ces odeurs entêtantes qui la poussaient au bord de l'évanouissement. Celle de laurier qui s'échappait de la robe ivoire de sa mère, plus rafraîchissante qu'une cascade. Les arômes riches étourdissants de la multitude au sein de laquelle ils se noyaient à deux. À la limite du supportable. L'affluence de monde... et ses inconvénients.

_________________________
Septembre 97; Surrey
INTROSPECTION : journal de Daphné.

« L’ombre de son souvenir est présente dans chaque recoin du manoir, flottant au-dessus de nos âmes à nous qui, pauvres mortels que nous sommes, refusons de le voir disparaître. Envahissant nos pensées. Annihilant notre volonté propre. Car nous ne faisons rien sans nous demander « ce qu’Il aurait fait dans cette situation ». « S'Il aurait accepté ‘ceci’ ou ‘cela’ ». Père a toujours eu un charisme indéniable, une façon bien à lui d’imposer son opinion d’un simple regard, de faire courber la nuque de ceux de son entourage devant la moindre de ses décisions. Aujourd’hui encore, bien que bel et bien mort, il reste maître de notre avenir.

… Comment ? Que dis-je ? Je crois que je m’égare. J’ai toujours eu cette tendance à tout dramatiser, à faire d’un cas à part une généralité. La vérité est que la seul à encore rester sous son emprise, malgré toutes ces années d’absences, est ma mère. Il était Roi, à ses yeux amoureux, et l'est encore aujourd'hui. J’ai vécu ce que l’on pourrait facilement qualifier de compte de fée durant les premières années de ma vie, sous son regard bienveillant et protecteur, avec à mes côtés la plus adorable petit sœur que l’on puisse rêver avoir. Astoria, quoique qu’insupportable petite peste aux yeux des autres, a toujours été pour moi quelqu’un digne de confiance.

Mais Mère.. Mère n’est plus rien depuis deux mois. Depuis l'arrestation de Père, à vrai dire. Si j’ai très mal vécu son emprisonnement, je crois qu'elle, la 'grande', la divine Elisabeth, bien connue pour sa beauté envoutante et son caractère de feu, l’a encore moins bien supporté. Elle est à présent complètement absente de nos vies, constamment enfermé dans la pièce qui Lui servait de bureau il y a quelques mois encore. Cette dernière nous ayant toujours été interdite, nous ne l’apercevons plus que lorsqu’elle daigne apparaître au dîners.

J’ai été blessée, c'est vrai. Mais je me suis faite à tout ça. C’est là l’une de mes principales qualités, à mon avis : ma facilité à m’adapter à toutes les situations. J'observe dorénavant maman avec un intérêt nouveau. Ce n’est plus l’envie de la voir me regarder comme lorsqu’Il était encore là, qui brille dans mes yeux. C’est une fascination morbide, dépourvue d’inquiétude. Le laurier qui la définissait avant à mon odorat dérangeant n'est plus qu'un souvenir lointain, défraichit, et je n’ai plus qu’une question en tête lorsque apparaît sa carcasse amaigrie par le chagrin. Quand craquera-t-elle définitivement ? Pourtant ma dévotion à ma famille demeure sans faille. Je ne comprend juste pas.. de sa cellule, il régit encore nos vies comme il le faisait à l'époque et, pourtant, elle se laisse anéantir comme s'il était... mort. »



« Chapter 03 »
Juin 99; Azkaban
Il n'existait pas des centaines de prisons sorcières en Angleterre. Une, tout au plus : la tristement célèbre Azkaban. Véritable forteresse, dont la possibilité de s'échapper tenait de l'utopie, le Rocher se tenait fièrement entre les eaux d'une mer tumultueuse. La pierre s'érodait, mais tenait bon depuis des siècles et des siècles en dépit des assauts des vagues salées. Et alors qu'elle avançait une main tremblante vers le portauloin que lui tendait l’employée du Ministère, Daphné cru sentir contre sa peau la morsure saline, avant même d'avoir quitté le salon de la demeure familiale.

Azkaban était le symbole même de la glaciale hostilité. Et à peu près cent fois plus. Les gardiens-là ne valaient pas mieux que des bourreaux, et la Loi leur concédait tous les droits au sein de la prison. À l'intérieur, il n'y avait plus de couleurs. Tout était fait de nuances de bleu et de gris, bleu et gris, toujours. Les prisonniers déprimaient de sentir de sel surabondant dans tout ce qu'ils mangent. Ils mouraient sous la morsure du froid, les sifflements incessants du vent que la pierre ne stoppait absolument pas. Dans ces lieux inhospitaliers, le jour et la nuit se confondaient en une seule entité, durant laquelle on subissait plus ou moins de gris, plus ou moins de bleu selon l'heure, jusqu'à en vomir la mer elle-même. Azkaban était l'un de ces lieux infâmes dont une seule et unique visite suffisait à marquer l'esprit à jamais. Ainsi, alors que les contours se redessinaient peu à peu, reprenant enfin forme, et qu'elle se sentait heurter durement le sol au moment où cessait l'effet du « transport », Daphné ne put que se remémorer l'effet que lui avait fait sa toute première visite en ces lieux.

Ses yeux s'étaient posés partout tout autour d'elle avec avidité cette fois-là, cherchant à déceler une sonorité connue parmi les râles douloureux qui s'élevaient ça et là. Une infime trace de son père. Mais un simple coup d'oeil de son supérieur avait suffit à la rappeler à l'ordre : elle n'était pas là pour régler une quelconque affaire personnelle.
Être formée par des Langues-de-Plomb était une expérience en soit. L'apprentissage était difficile, et rien n'assurait la réussite des élèves... ils étaient donc, dès le départ, placés sous le sceau du secret, et n'avaient accès qu'à un strict minimum d'informations durant un certain laps de temps. Néanmoins, le Ministère n'avait jamais vraiment été un modèle d'organisation et, dans des départements tels que celui des Mystères, il était encore plus improbable d'organiser les choses selon un ordre précis. Bien sûr, il y avait une réglementation théorique, à laquelle les employés du Département étaient sensés se conformer à la lettre. Mais au-dessus de toutes ces lois, il y avait l'interdiction formelle de laisser filtrer la moindre information... et si cette interdiction entrait en contradiction avec l'une des autres règles, elle devait être celle qui primerait. Et évidemment, elle rendait floues les limites imposées au personnel du mystérieux neuvième étage du Ministère.

Daphné n'avait, jusqu'à présent, eu accès qu'à quelques-unes des salles résolument closes de cet étrange endroit. La salle des Planètes, par exemple, à l'intérieur de laquelle il lui avait semblé perdre pied à de nombreuses reprises. Son formateur lui avait vaguement expliqué qu'à cause de sa nature et de son contenu, la salle était partiellement soumise à un effet ressemblant au brouillard anti-gravité. Elle avait aussi gardé un souvenir perturbant de la salle aux Cerveaux, particulièrement après avoir vu l'autre élève présent en même temps qu'elle se faire attaquer par des rubans de pensées qu'il avait manipulés avec maladresse. Mais pour l'heure, la salle des Prophéties était celle qui importait. Pour une raison qu'elle ne connaissait pas, le Langue-de-Plomb qui se chargeait d'elle était à la recherche d'un simili-devin ayant formulé prédiction dans les années 50. Ses investigations lui avaient permis de retracer le lieu de retraite d'une vielle connaissance de sa « proie », dans la périphérie de Liverpool. La personne en question était une femme plus sèche qu'une brindille, dont la peau outrageusement ridée avait donné envie à Daphné d'agir puérilement en étirant les multiples plis pour lisser l'épiderme fatigué. La femme n'avait pas été que marquée par le temps : il y a avait dans son regard étonnemment clair les fantômes d'un passé difficile et de longues années d'enfermement. À la visite de l'employé du Ministère, elle avait tenu un discours décousu duquel l'homme n'avait pu tirer qu'un seul renseignement valable : sur les murs de la cellule qu'elle avait occupée durant plusieurs années étaient retracées les dernières parcelles de sa lucidité d'antan.

C'était dans le but de relever ces symboles que l'homme avait emmené son « élève » jusqu'à Azkaban. En vérité, Daphné avait surtout la désagréable impression qu'il la voyait plutôt comme une sorte de boulet dérangeant dont il ne pouvait malheureusement pas se défaire. Manque de considération qui avait éveillé en elle le désir de faire ses preuves, d'exceller même, si possible.

Quittant brusquement ses souvenirs, la jeune femme finit par revenir à l'instant présent en entendant résonner la voix du vice-directeur de la prison. Il la fixait d'un air suspicieux, par dessus ses lunettes rectangulaire, et elle se contenta de lui remettre sans un mot le droit de passage qu'elle avait obtenu du Ministère. Huit mois de lutte acharnée pour gagner le droit de voir son père... elle avait eu de la chance. Ces papiers auraient pu ne pas lui être accordés avant des années. Mais son statut d'apprentie Langue-de-Plomb avait tout de même quelques infimes avantages.

Et ce fut quelque chose, d'entendre résonner dans les couloirs tristement grisâtre les râles des prisonners. Ce fut d'ailleurs encore pire de voir le visage autrefois fièrement hautain de son géniteur, ce sang-pur, déjà émacié et ridé après un an d'enfermement. Il avait vieillit à une vitesse improbable. Sous le poids du désespoir que couvaient le plafond voûté de la prison et dont suintaient les murs, Daphné se sentit prise par l'envie de se rouler en boule dans un coin. Seulement, se boucher les oreilles ne suffirait pas à faire taire les hurlements du vent, tout comme la persévérance de ses doigts adolescents n'annihilerait pas les effets du temps sur la peau de son père, qui semblait vieillir dix fois trop vite. Alors elle gardait les yeux ouverts, refoulait ses sanglots et son envie de liberté, demeurait une Greengrass plus ou moins digne de ce nom face à l’atrocité de la vision qu’offrait la prison.

Lorsqu’elle parla à Adérius, elle fut horrifiée de se rendre compte, au fil de l’entrevue, que le sorcier commençait imperceptiblement à perdre contact avec la réalité. Sous le choc de cette découverte, Daphné repartit comme elle était venue : par portauloin, avec la certitude que ce souvenir lui glacerait les entrailles pendant longtemps encore. Pourtant elle profiterait de la moindre visite que ce pass lui permettrait.
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