Si Evan est populaire, ce n’est pas sans raison. Petit prodige du Quidditch, il est entré dans l’équipe de sa Maison à ses 13 ans, en tant que batteur, et n’a pas cessé d’épater ses camarades depuis lors. Mais hormis ses prouesses sportives, il n’a pas franchement à se plaindre de son physique, et ses groupies non plus. Evan, c’est ce type sympathique et blagueur dont le rire résonne dans les couloirs, qu’il pleuve ou qu’il vente. Ce personnage attachant dont on s’éprend facilement. Cet ami dont on rêverait, prompt à jouer des poings pour protéger l’honneur de ceux qu’il apprécie. Qui ne le connaît pas? Il n’a pourtant rien du petit-ami idéal… et pour cause! En bon égocentrique qu’il est, il ne prête pas beaucoup d’attention à ceux qui l’entourent. En fait, en dehors du Quidditch, des défis et des filles, il n’y a pas grand-chose qui l’intéresse particulièrement. Et niveau romantisme… eh bien, disons que les sourires ravageurs sont sa meilleure arme, si bien qu’Evander n’a pas réellement besoin de faire plus d’efforts. Il est tout de même très facile à vivre, ce qui explique sans doute que tout le monde veuille le connaître… Ça, ou alors le carrière de Quidditch player qui semble l’attendre impatiemment; qui sait? Par contre, il a le coup facile. Il suffit de peu pour s’attirer les foudres de ce Gryffon au sang chaud, et les rares personnes ayant osé le prendre pour un con en ont fait les frais. Un exemple? Jayden Hellington. Le jeune Serdaigle avait cru pouvoir le faire chanter après l’avoir surpris à saupoudrer les uniformes de Quidditch des Serpentards d’une poudre à base d’ellébore, connue pour provoquer de terribles démangeaisons). Pas qu’Evan ait douté que son équipe puisse gagner haut la main le match prévu pour le lendemain! C’était un pari stupide, lancé par les garçons de son dortoir… En tout cas, Hellington en a eu pour ses frais.

La mère d’Evander était une sang-mêlée; l’unique « imperfection » qu’aient compté les Johns depuis les deux dernières générations. Elle est morte il y a huit ans, renversée par l’un de ces tombeaux sur roues que les moldus nomment « voiture », alors qu’elle avait déjà disparu du foyer conjugal depuis presque trois ans. À cette époque-là, elle venait tout juste de reprendre contact avec son époux, lui promettant de revenir à ses côtés pour ne plus jamais le quitter; une promesse qu’elle n’eut jamais le temps de tenir. Le père du jeune homme ne s’en est pas remis… et l’un de ses vieux amis, un mangemort, en a profité pour attiser sa haine à l’encontre de ces êtres odieux et irresponsables que sont les Sans-Pouvoirs. Evan, lui, ne sait pas quoi penser de cette guerre et des projets de Black. Il ne se sent même pas vraiment concerné par tous ces problèmes. Tout ce qui lui importe, c’est de décrocher rapidement un contrat avec les Faucons de Falmouth, son équipe favorite.

La fée Mélusine, comme on la surnomme à Poudlard, a sans aucun doute un don; il n’y a qu’à se plonger dans ses grands yeux gris, couleur pluie, pour s’en rendre compte. C’est ce que l’on murmure dans les couloirs du château. On se le dit en rigolant, en la couvant d’un regard tantôt admirateur, tantôt jaloux ou méprisant. Mais… quelle plaisanterie pourrait s’avérer plus fausse que celle-ci? Mélusine a bel et bien quelque chose de différent… et ce n’est certes pas un don. Tout au plus, une malédiction. Pour la comprendre, il faut savoir que manipuler les potions a toujours été quelque chose d’instinctif pour elle. Mélie ne voit certainement pas cette matière comme un fardeau; plutôt comme une forme d’art. Elle est sans conteste la meilleure élève dans ce domaine actuellement présente à Poudlard. Sauf qu’à trop en vouloir, on finit par commettre l’irréparable… et c’est exactement ce qui lui est arrivé. L’expérience de trop, comme qui dirait.

Pendant l’été de sa quatrième année, elle a, sans le savoir, concocté un poison. Ce n’était absolument pas le but recherché, à la base, et c’est sans se méfier qu’elle a ingurgité la décoction. Le résultat à été atroce. C’était pire que brûler en enfer; c’était se consumer de l’intérieur sans pouvoir y faire quoique ce soit. C’était sentir son esprit se déchirer, jusqu’à ce qu’un pan entier de son être lui échappe. Que peut-il y avoir de pire que de se sentir étranger dans son propre corps? La réponse à cette question ne lui est venue que quelques heures plus tard, sous la forme de ce qu’elle qualifie elle-même de « crise ». Ce qu’il y a de pire, c’est de perdre conscience sans remarquer que ce corps agit encore. Se « réveiller » quelques instants après pour se rendre compte que l’on avait perdu toute parcelle de contrôle. À vrai dire, ce poison qui lui ronge les veines agit sur son subconscient jusqu’à modifier sa nature profonde. Et l’espace de quelques terribles minutes, déjà trop longues, l'adolescente enjouée devient un monstre de cruauté. À chaque nouvel éveil de sa conscience, Mélusine est effrayée de ressentir les traces du plaisir sadique éprouvé, durant la crise, face à la souffrance d’autrui. Une sorte de schizophrénie assez effrayante.

C’est un fardeau terrible à porter, à son âge; d’autant que les crises ne se maîtrisent pas, et qu’elle ne garde après coup que quelques bribes de souvenirs des dernières heures écoulées. Elle préserve son secret de son mieux, car elle n’a aucune envie de le voir s’ébruiter. Certes, la sagesse lui conseillerait de consulter au plus tôt un médicomage qualifié, mais Mélie n’est pas stupide : elle sait qu’avouer ce qui lui arrive ferait d’elle un pion dérangeant sur l’échiquier du pouvoir en place. Le monde sorcier a été bien trop ébranlé par la guerre pour prendre en pitié une menace comme elle; le fait qu’elle ne veuille pas forcément mal agir n’y changera rien. Paradoxalement, pourtant, la Gryffondor commence à ressentir une vague rancœur à l’égard de cette communauté qui, à la moindre erreur de sa part, serait prête à la rejeter. Elle continue de faire semblant de vivre comme avant, de rire comme avant, d’aimer comme avant, d’apprendre comme avant… mais elle reste douloureusement consciente que, désormais, rien ne sera plus « comme avant ».